Fongicide le plus utilisé : comparatif des principaux produits du marché

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Agronome examine des bouteilles de fongicide dans un champ

La France a enregistré en 2024 une hausse de 17 % des ventes de fongicides systémiques, malgré la stagnation des surfaces cultivées. Les substances actives à base de triazoles dominent encore 60 % des traitements sur céréales, alors même que l’Union européenne a restreint ou interdit plusieurs molécules historiques.

Certains produits de nouvelle génération, à base de SDHI ou de strobilurines, affichent des efficacités supérieures à 90 % sur septoriose ou rouille brune, mais leur coût et leur spectre d’action varient fortement. Les écarts de performances et d’impacts économiques entre solutions génériques et spécialités de dernière génération demeurent marqués, influençant directement les stratégies phytosanitaires des exploitants.

Panorama des fongicides les plus utilisés en 2025 : chiffres clés et grandes tendances

Trois grandes familles dominent le marché des fongicides en 2025 : triazoles, strobilurines et SDHI. Les derniers rapports confirment : plus de 60 % des applications sur céréales reposent toujours sur les triazoles, même si la réglementation européenne s’est nettement durcie. Les strobilurines, présentes depuis une vingtaine d’années dans les itinéraires techniques, gardent leur place en raison de leur performance sur les maladies foliaires comme la septoriose ou la rouille.

Les SDHI, quant à eux, prennent de l’ampleur. Désormais, ils représentent près d’un quart des ventes. Leur succès tient à leur mode d’action innovant, qui cible précisément les agents pathogènes et s’adapte à la montée des résistances. Avec l’arrivée de nouvelles substances autorisées, la concurrence se joue désormais sur l’efficacité et la flexibilité d’utilisation.

Voici la répartition des grandes familles de fongicides sur le marché :

  • Triazoles : 60 % des traitements, en tête mais sous surveillance réglementaire
  • Strobilurines : 15 % du marché, appréciées pour leur effet sur les maladies foliaires
  • SDHI : 24 %, une part en forte progression portée par la recherche d’alternatives

Face à la pression croissante des normes européennes, les agriculteurs revoient leurs stratégies, intègrent la rotation des modes d’action et s’adaptent aux retraits successifs de molécules. La dynamique du secteur reste vive, entre impératif d’efficacité, gestion du risque de résistance et exigences de durabilité.

Comment fonctionnent les fongicides modernes face aux maladies foliaires ?

La lutte contre les maladies foliaires s’appuie aujourd’hui sur des modes d’action sophistiqués. Chaque famille de fongicides, issue d’avancées majeures en phytopathologie, cible un processus vital du champignon pathogène. Les triazoles, par exemple, perturbent la synthèse des stérols, ce qui fragilise la membrane cellulaire et stoppe la prolifération. Les strobilurines, inspirées de composés naturels issus de champignons du bois, bloquent la respiration mitochondriale, stoppant net la croissance mycélienne. Les SDHI, de leur côté, s’attaquent à l’enzyme succinate déshydrogénase, au cœur de la chaîne respiratoire du champignon. Ce ciblage précis entraîne la disparition rapide des agents responsables de la rouille, de la septoriose ou de l’oïdium.

Modes d’application et outils d’aide à la décision

Les applications foliaires s’ajustent en fonction des moments de sensibilité maximale des cultures. Les outils d’aide à la décision, la modélisation météo et l’analyse des seuils d’intervention affinent les programmes, réduisant le nombre de passages au strict nécessaire. Les observations des dernières campagnes montrent que cette précision dans l’application augmente l’efficacité sur le terrain tout en limitant l’impact environnemental.

Pour optimiser la protection, certains leviers font la différence :

  • Observation attentive de chaque parcelle et diagnostic précis des maladies présentes
  • Association de plusieurs modes d’action pour freiner l’apparition des résistances
  • Respect rigoureux du calendrier d’intervention, pilier de la réussite des traitements

La protection fongique ne se résume pas à une routine : elle implique une veille constante, une adaptation aux évolutions épidémiologiques et une gestion réfléchie des produits pour garantir leur efficacité dans la durée.

Comparatif détaillé : efficacité et spécificités des principaux produits du marché

Un tour d’horizon des principaux fongicides permet de distinguer clairement les atouts et limites de chaque famille. Les SDHI, ou inhibiteurs de la succinate déshydrogénase, dominent les traitements de la septoriose du blé. Leur action ciblée sur la respiration cellulaire des pathogènes offre une efficacité rarement égalée, surtout lorsqu’ils sont associés aux triazoles.

Les essais menés sur plusieurs années le confirment : la combinaison SDHI + triazole dépasse fréquemment 90 % d’efficacité contre la septoriose, y compris lors des épisodes de forte pression. Les strobilurines, longtemps incontournables pour lutter contre la rouille brune, commencent toutefois à montrer leurs limites face à la progression des résistances.

Tableau comparatif synthétique

Produit Famille Efficacité septoriose Points forts
SDHI (fluxapyroxad, bixafen …) SDHI +++ Polyvalence, persistance d’action, rendement
Triazole (prothioconazole, tébuconazole …) Triazole ++ Large spectre, complémentarité
Strobilurine (azoxystrobine …) Strobilurine + Préventif, protection rouille

L’efficacité d’un fongicide ne se limite pas à son pouvoir curatif : durée de protection, facilité d’application et gestion des résistances entrent aussi dans la balance. L’arrivée régulière de nouveaux produits enrichit le panel disponible, donnant aux agriculteurs la possibilité de varier les modes d’action et de préserver la performance des solutions. Le choix doit toujours tenir compte du contexte local, de l’historique des maladies et du niveau de risque propre à chaque parcelle.

Jeune femme compare un fongicide dans une serre verte

Quel impact techno-économique pour les cultures céréalières aujourd’hui ?

La protection des cultures céréalières impose aujourd’hui de trouver le bon équilibre : préserver le rendement, limiter l’impact sur l’environnement et rester en phase avec la réglementation. Les prix des produits phytosanitaires montent, conséquence d’un marché plus sélectif et d’exigences accrues à l’homologation. Les agriculteurs adaptent leurs stratégies, arbitrant entre efficacité, contraintes réglementaires et attentes sociétales.

La qualité de la protection fongique pèse lourd dans le rendement final. Un épisode de septoriose mal géré, par exemple, peut entraîner jusqu’à 30 % de pertes sur blé tendre. Pour rester performant, il faut cibler les interventions et tirer parti des innovations : outils d’aide à la décision, modulation des doses, surveillance poussée de l’état sanitaire, intégration de solutions agronomiques.

Quelques chiffres permettent de situer les enjeux actuels :

  • Budget moyen consacré aux fongicides : entre 60 et 120 € par hectare (France, campagne 2024-2025)
  • Proportion des fongicides dans les charges phytosanitaires : jusqu’à 35 % selon les risques encourus

La réglementation s’intensifie, poussant à la réduction du nombre de substances actives et à une évaluation plus rigoureuse des risques. Certains produits disparaissent, d’autres voient leur champ d’action restreint. Pour faire face, les producteurs conjuguent produits chimiques, variétés plus résistantes et pratiques agroécologiques, cherchant l’équilibre entre sécurité, performance et attentes du marché. Reste à voir qui, demain, imposera le tempo sur ce terrain mouvant.